Près d’Angers, dans la commune des Cerqueux (Maine-et-Loire), l’histoire d’un ancien agriculteur au chômage ne cesse d’étonner. Cherchant à arrondir ses fins de mois, cet homme a monté une activité illégale de vente de bois de chauffage. En cinq ans, il a réussi à engranger près d’un million d’euros de chiffre d’affaires sans jamais déclarer son commerce ni s’immatriculer officiellement. Ce dossier, mis en avant par l’émission « 90’ Enquêtes », met en lumière les dérives possibles quand le contrôle administratif fait défaut.
L’origine de cette activité cachée
Originaire d’un village rural, cet ancien agriculteur n’exerçait plus aucune activité déclarée depuis 2001. Face à la précarité imposée par le chômage, il décide d’exploiter le secteur sous-estimé du bois de chauffage. Malgré sa situation officielle, il parvient à mener cette activité dissimulée tout en continuant à percevoir plusieurs aides sociales.
Pour vendre son bois, il multiplie les annonces dans les journaux locaux. La demande augmente rapidement et, profitant de l’absence de réelle concurrence structurée, son affaire prospère. Sa discrétion lui permet de maximiser ses gains tout en échappant aux contrôles, ce qui provoque aujourd’hui l’incompréhension et la colère des commerçants en règle.
Un réseau organisé autour de la vente illégale
Gérer seul le volume important de commandes devient vite impossible. Pour répondre à la demande croissante, il embauche trois employés non déclarés. Cette organisation lui permet d’accélérer les livraisons et d’élargir sa clientèle, ce qui amplifie encore davantage son chiffre d’affaires grâce à cette activité clandestine.
L’équipe ainsi constituée s’adapte aux besoins du marché local : elle sillonne les villages environnants pour distribuer le bois de chauffage. L’absence de charges officielles réduit considérablement les coûts salariaux, contribuant ainsi à atteindre ce fameux million d’euros en quelques années seulement.
Le recours aux annonces ciblées dans les médias de proximité était stratégique. Les habitants des Cerqueux et de la région d’Angers, souvent adeptes du chauffage au bois, composaient une clientèle fidèle. Proposant des tarifs attractifs, il s’assure un flux constant de commandes, tandis que la souplesse des paiements – espèces, chèques ou virements – facilite la dissimulation des revenus issus de son commerce.
Ne tenant aucune comptabilité officielle et acceptant tous types de règlements, il parvenait à brouiller les pistes sur l’origine exacte de ses fonds. Cette flexibilité rendait très difficile toute identification par les autorités fiscales ou sociales.
Des bénéfices records grâce à la dissimulation de revenus
Derrière cette apparente simplicité se cache une véritable réussite financière. En trois ans, il dépose quelque 374 000 euros sur ses comptes bancaires, avec un solde maximal affiché de 445 000 euros. Pourtant, vis-à-vis de l’État, il reste officiellement chômeur et continue de percevoir des aides destinées aux personnes en difficulté.
Ce cas révèle comment la dissimulation de revenus peut fausser profondément l’équité sociale et fiscale. Non seulement les sommes perçues échappent à l’impôt, mais elles évitent aussi toute contribution aux cotisations sociales, creusant ainsi l’écart entre ceux qui respectent les règles et ceux qui profitent du système.
- Perception d’allocations chômage malgré des revenus occultes importants.
- Détournement des règles fiscales sur plusieurs années.
- Distorsion de concurrence envers les vendeurs officiels.
- Impact négatif sur le financement des services publics.
La chute : enquête puis condamnation judiciaire
Peu à peu, les écarts entre ses conditions déclarées et son niveau de vie intriguent les enquêteurs. Une analyse bancaire approfondie met en évidence des mouvements financiers incompatibles avec un statut de chômeur. Lors des perquisitions, ils découvrent des carnets de chèques falsifiés, signe d’autres pratiques douteuses liées à la gestion de son trafic.
Il reconnaît avoir modifié des chèques clients afin de payer ses fournisseurs, rendant ainsi une partie des transactions invisibles pour le fisc. De plus, il n’était pas inscrit au Registre du commerce, confirmant la totale illégalité de son activité.
Au terme de l’enquête, la justice le condamne à 18 mois de prison avec sursis et à 10 ans d’interdiction de gérer, notamment pour travail dissimulé, non-inscription au registre du commerce et usage de faux. Il lui est désormais impossible d’exercer légalement une quelconque activité entrepreneuriale pendant une décennie.
Après la médiatisation via « 90’ Enquêtes », ce modèle économique souterrain attire désormais l’attention des administrations. D’autres profils similaires redoutent probablement un renforcement des contrôles, tant du côté fiscal que social.





